Le vernissage aura lieu le samedi 16 février à 19 heures.
BA gagnante du concours des Ateliers Agora en 2018 exposera ses sculptures en raku. Ferrokaro exposera ses toiles d’art numérique et Agnès Deschamps ses peintures.
Retour de vernissage:
« A l’aube de notre temps, la nuit enveloppa la Terre, l’embrassa, l’étreignit : des « hommes faits de terre rouge » firent alors leur apparition. La lune encore chaude reçut un coup de griffe de la hyène qui la trouvait belle et la voulait pour elle. Le monde regorgeait de nourriture et les enfants jouaient avec les étoiles alors que non loin, paissaient le bœuf et l’éléphant. Mais la Terre et le Ciel se querellèrent : la Terre se trouvait bien plus vieille, bien plus forte, bien plus grande que le Ciel. Ce dernier se coucha alors sur la Terre et le premier monde disparut. Les « hommes faits de terre rouge » écrasés par les cieux, brûlés par le soleil, ne pouvaient plus grandir : une vieille, fatiguée de vivre courbée, repoussa le Ciel avec son pilon et les « hommes faits de terre rouge » purent à nouveaux pousser au milieu d’une nature nourricière et variée. Ils se fabriquèrent des masques pour ne pas oublier leur histoire, pour rappeler à leurs enfants que chaque chose est à sa place et que cela est bien : les brigands veillent à la sécurité de la communauté, le coq veille à l’écoulement du temps, la sœur veille aux masques, les hommes et les femmes dansent alors que non loin, paissent le bœuf et l’éléphant. Chaque chose était à sa place et cela était bien jusqu’à qu’un « homme fait de terre rouge » trouva que le monde était trop complexe. Il lui fallait des liens logiques simples, un mode de pensée simple, des bits et des octets. Le monde réel l’ennuyait. Il voulait du virtuel et du binaire : une succession de « zéro » et de « un ». Le nombre se révéla bien plus créateur que les mots. Pensez- donc, « l’homme fait de terre rouge » pouvait tout augmenter, il pouvait devenir bien plus vieux, bien plus fort, bien plus grand que le petit homme d’argile. Enivré par sa nouvelle puissance, il voulait tout régenter, tout contrôler et comme témoignage de son omnipotence, il voulait conserver chaque son, chaque image, chaque donnée pour un monde plus fiable et plus pérenne. Alors que doucement, les « hommes faits de terre rouge » abandonnaient leurs masques, la vie se pixelisait et non loin, mourraient le bœuf et l’éléphant. »
Béatrice Hermesdorf