Sous la direction artistique de Jean-Luc Lacroix et Bernard Merces, tous deux photographes, cette exposition, Raconte moi la rue, est à découvrir jusqu’ au 19 janvier 2019 aux Ateliers Agora.
Le vernissage aura lieu le samedi 12 janvier à 19 heures en présence des artistes.
Dans cet espace clos qu’est « La Rue » les photographes ont noué des relations ordinaires, complices parfois avec les habitants. Il y a aussi la rue avec les gens, les passants avec leurs diversités. La rue où se côtoient curieux, mendiants, rêveurs, badauds, pressés.
Bernard Royo, Denis Champollion, Ribot, Julie Amigues, Pauline Fournier, Philippe Paul, Succa, Sylvie Leeloo et Véronique Dansac ont parcouru les rues et nous proposent une très belle exposition où se mélangent humour, instants volés et moments touchants avec des photographies de très belle qualité esthétique.
La rue est humanisée, embellie et en un clac photographique, les photographes retenus embarquent le visiteur au cœur d’histoires très plaisantes à découvrir.
Soir de vernissage:
Texte de vernissage:
« En longeant la rue qui menait ce soir jusqu’à vous, j’ai pensé : « il est des rues des villes et des rues des champs. Des rues dans lesquelles le temps s’étire, insolent d’ennui, et celles, bruyantes dans lesquelles résonnent les rires des enfants.
Théâtre d’ombres sur lequel les hommes, parfois, sont pétrifiés, carrefour traversé par des spectres, lieu de passage et lieu de repos, la rue s’habille, la rue se change, discrète, elle nous espionne.
Cet espace civilisé, rassurant, dans lequel nous croyons savoir que tout est bien contrôlé, que rien ne peut nous échapper, laisse pourtant apparaître à la dérobé, quelques baisers volés.
Les mots s’envolent en tintant joliment, échos du rire des hommes.
La rue est un terrain de jeu qui se partage avec les badauds. Elle se réveille avec les grilles des magasins qui se lèvent. Elle vibre toute la journée : bruits de moteur, bruits de klaxons, bruits de sonnettes, cris de joie des enfants. Il faut prendre les ruelles et les traverses pour échapper à ce mouvement permanent et prendre le temps, l’un contre l’autre, de choisir la bonne direction.
Le souffle de la nuit emporte âme qui vive et pourtant, la lumière du réverbère nous rappelle que quelque part, quelqu’un veille. Les noctambules marchent à pas feutrés pour ne pas trop déranger, ou ne pas être repérés. Noire, la rue devient vite un coupe-gorge.
Et qui eut cru qu’au cœur de la cité la rue eut pu devenir une terre d’exil ? Cachés derrière des grillages, des rues vivent retranchées et sur l’asphalte, des vies sont reléguées. Le ban n’est pas la retraite car l’esseulé ne peut trouver la paix. Or, il est un temps où nous voulons tous retrouver nos rives d’Ithaque. Mais il est parfois long le chemin de Damas surtout quand il mène à Bodhnath. De rue en rue, dans le calme de cette exposition, nous pouvons nous refaire doucement l’oreille, réapprendre à écouter et à voir car c’est une ville aux quartiers très variés que nos photographes ont, pour nous, créé.
Mais il est tard. Et à la nuit tombée, la rue se couche avec les rideaux des boutiques qui se ferment. Fêtards et couche-tard se préparent à sortir de chez eux. J’espère qu’ils viendront nous voir et qu’afin de ne pas déranger les timides et les lèves-tôt, ils auront la courtoisie de traverser la rue, bouche cousue. »
Béatrice Hermesdorf